HtmlToText
recherche menu principal aller au contenu principal aller au contenu secondaire accueil à propos crédits navigation des articles ← articles plus anciens les arguments à double tranchant publié le 20/06/2016 par marie gloris bardiaux-vaïente répondre je milite pour l’abolition universelle de la peine de mort. et à ce propos je veux expliquer pourquoi je ne mets jamais en avant l’argument suivant : « on peut se tromper et tuer un-e innocent-e. » c’est à mon sens un mauvais débat qui peut par ailleurs se retourner contre les abolitionnistes, et devenir dangereux. point science-fiction : admettons qu’un jour – par le truchement des avancées techniques ou autres –, l’humanité puisse être certaine à 100% de la culpabilité ou de l’innocence des individus. l’argument du « on peut se tromper » sera alors caduc. et permettra à toutes les personnes morticoles de remonter au créneau et de réclamer le maintien ou le rétablissement de la sanction capitale. puisque l’on ne pourra plus exécuter « à tort ». en outre, quand on est contre la peine de mort, on est contre, pour tou-te-s. même pour ceux nommés « monstres sociaux » ; même pour les pires criminels de guerre. c’est le principe de l’égalité. on ne fait pas le tri dans l’abolition. on est ou on n’est pas abolitionniste. ce n’est pas une chose mesurable ou quantifiable selon son degré de dégoût ou de sensibilité vis-à-vis d’un crime. on fait fi de ses ressentiments. c’est devenu une question de principe. c’est la raison pour laquelle je ne cherche pour ainsi dire jamais à trop me renseigner sur les affaires criminelles actuelles qui mènent des gens dans le couloir de la mort. ça ne concerne pas ma lutte (au pire cela peut interroger ma curiosité). ce n’est pas mon propos. des lois (autres que le châtiment suprême) existent pour que des coupables soient empêchés de nuire si besoin, notamment par l’enfermement (dont j’aurais beaucoup à dire aussi, mais c’est une autre question qui attendra un autre jour). l’abolition ne peut pas exister dans la demi-mesure. elle ne peut être que pleine et entière. ……………………………………….. (photo de christian ranucci, exécuté le 28 juillet 1976 à l’âge de 22 ans ; il fut l’antépénultième guillotiné, en france) publié dans non classé | laisser une réponse l’abolition de la peine de mort, une réforme amorcée à la fin des années 1970 par de nombreux acteurs de la société civile publié le 01/04/2016 par marie gloris bardiaux-vaïente répondre le 10 octobre 1981 est publiée au journal officiel la loi portant abolition de la peine de mort. robert badinter et françois mitterrand sont les deux noms associés à cette réforme. or, à la fin des années 1970, un mouvement venu de parlementaires gaullistes « sociaux », mais aussi des corps intermédiaires dont les associations, le syndicat de la magistrature et les églises de france, avait préparé le terrain abrogatif. si l’abolition de la peine de mort en france est systématiquement associée à la gauche, il est certain qu’elle n’en est pourtant pas l’exclusive. les parlementaires abolitionnistes de la droite française des années 70’. alors que le 11 avril 1974, lors d’une conférence de presse, valéry giscard d’estaing déclare : « qu’il a naturellement comme chacun une aversion profonde pour la peine de mort » il n’abolit pas la sanction capitale au cours de son septennat. pourtant, sous ce même mandat, le combat abolitionniste élargit sa base politique. en outre, en octobre 1977 amnesty international – prônant l’abolition universelle – se voit attribuer le prix nobel de la paix. forte de cette reconnaissance, la branche française de l’ong organise des débats informatifs qui regroupent les personnalités abolitionnistes. ainsi, le 9 novembre 1978, à paris, dépassant tous les clivages, se retrouvent avec robert badinter, pierre bas [1] , bernard stasi [2] , monseigneur boillon (coauteur du document de l’épiscopat français condamnant la peine de mort) et le docteur antoine lazarus membre du groupe multi professionnel des prisons. de même nature, en janvier 1978 la commission sociale de l’épiscopat français se prononce clairement pour la suppression du châtiment suprême [3] : « si un homme cesse de se comporter comme un homme, la collectivité doit avoir le réflexe de ne pas le suivre », déclare le cardinal marty, archevêque de paris. c’est un soutien appréciable pour les abolitionnistes, la prise de position de l’église catholique auréolant cette lutte d’une grande autorité morale. et cela permet à des catholiques de droite d’exprimer une opinion abrogative sans concession. un sondage fiagro-sofres du 23 juin 1978 donne 58% des français favorables à la peine de mort : hommes : 58% pour, 31% contre et 11% sans opinion. femmes : 57% pour, 31%contre et 12% sans opinion. les 65 ans et plus sont à 80% pour la peine de mort, et cela est régressif avec l’âge : 66% entre 50 et 64 ans, 55% entre 35 et 49 ans et seulement 43 % pour la peine de mort entre 18 et 34 ans. de la même façon, plus on est diplômé, plus on est statistiquement contre la peine de mort : toujours dans ce même sondage, seuls 48% des sondés ayant un niveau d’études supérieures sont rétentionnistes, alors que c’est le cas de 63% de ceux qui n’ont qu’un niveau d’études primaire. les communistes sont seulement 27% à être pour la peine de mort contre 72% de la majorité présidentielle alors à droite (et 52% des socialistes). les catholiques non pratiquants sont en majorité pour un maintien de la sanction capitale (66%), alors que les « sans religion » ne le sont qu’à 40% et les catholiques pratiquants réguliers à 53%. enfin, ceux que l’on désigne sous l’appellation de « cadres moyens » sont plus abolitionnistes (49% seulement pour la peine de mort) face aux agriculteurs, ouvertement morticoles à 71%. on a donc deux france face à la peine de mort : des jeunes abolitionnistes, diplômés, de gauche, urbains, exerçant une profession dite intermédiaire, et athées ou agnostiques, face à une france rétentionniste âgée, de droite, rurale, catholique mais non pratiquante (« par tradition »). c’est un tableau un peu caricatural, mais statistique. c’est ainsi que depuis la scène politique, viennent des annonces remarquables. pierre bas reprend au mois de mai 1978 un texte d’eugène claudius-petit [4] de 1973 dont il était cosignataire. pierre bas se réfère à son prédécesseur afin d’inscrire sa démarche dans une certaine continuité. en effet, les hommes de droite, peut-être plus encore que ceux classés à gauche sur l’échiquier politique, sont la proie dans ce type de débat à des attaques extrêmement virulentes. ils prennent une position courageuse et leurs électeurs peuvent se trouver désarçonnés. tel est le cas de pierre bas [5] . à la rentrée parlementaire de l’année 1978 il présente la proposition de loi n°215, tendant à abolir la peine de mort en france (signée en outre par 26 autres députés de la majorité de droite, rpr et udf et non-inscrits) [6] devant la commission des finances dont il est membre : il tente de faire passer l’abolition par le biais de la suppression de la somme allouée au budget pour la rémunération du bourreau et l’entretien de la guillotine (en parallèle du groupe parlementaire socialiste) [7] . ce n’est pas une idée nouvelle, c’est la reprise de la procédure de départ de la tentative de 1906. parallèlement, le 18 octobre, devant la commission des lois saisie pour avis, michel aurillac, philippe séguin (rpr) et françois le douarec profitent de cette brèche et interrogent alain peyrefitte – alors ministre de la justice – sur l’instauration d’un débat général sur l’abolition de la peine capitale. raymond forni du groupe socialiste interroge à son tour le garde des sceaux sur la requête de pierre bas à la suite de ses confrères du rpr. on le voit, l’abolition dépasse les divisions politiques. mais le garde des sceaux considère qu’il ne serait pas digne pour le parlement et pour le gouvernement de régler à la sauvette, par le biais d’un amendement à la loi de finances, une question aussi grave